Comptabilité et nouvelles technologie : l’avenir ou la fin du comptable cas du cameroun (Première partie)

Rédigé et soutenu par : MABE Marlyse

                    Extrait de mon mémoire fin de cycle master en Audit Interne Juilllet 2020 

 RESUME

Malgré la montée en puissance de nouvelles technologies au sein de la profession comptable, les comptables brillent toujours de par leur présence au cœur des activités des entreprises camerounaises. Les pertes engendrée par l’absence d’une utilisation fréquente et moderne de la digitalisation par les entreprises camerounaise laisse un manque à gagne conséquent sur le développement économique suivant les statistiques du (GICAM, 2020). Cette performance des outils de la technologie (blockchain, power BI et intelligence artificielle) par rapport à la performance du comptable est devenue un champ de recherche en science de gestion ainsi que dans le champ informatique en ce qui concerne la sécurité des informations financières. Ce mémoire tente de questionner ce phénomène à travers les concepts comptabilité et   nouvelles technologies, qui vise à interpréter, par référence à des variables historiques, sociales, économiques, juridiques, techniques et culturelles, l'émergence, le développement et l'actualisation de ces pratiques. Il s’en suit que plusieurs facteurs d’ordre conjoncturels, structurels et culturels  sont à l’origine du retard de l’adaptation des comptables et de leurs intérêts pour les technologies innovantes.

Mots clés : comptabilité, nouvelles technologies. 

INTRODUCTION GENERALE

La mondialisation a poussé le monde des affaires en général à internationaliser sans cesse ses activités, obligeant de ce fait les comptables à suivre leurs clients et à offrir des services sur mesure tout en tenant compte d’une règlementation de plus en plus complexe (Kristian, 2014). Toutefois, la profession comptable est tournée vers l’avenir. Le changement est un défi de tous les jours que la profession devra sans aucun doute relever en accompagnant au mieux les différents acteurs de l’économie.

68 % des comptables n’ont pas de site internet et 74 % ne sont pas actifs dans les médias sociaux (Kristian, 2014).

Par contre, selon une enquête réalisée par Kluwer, 60 % d’entre eux sont convaincus que leur métier va changer fondamentalement, notamment à cause des nouvelles technologies (enquête réalisée par l’IPCF en 2013).

Le “rapport sur l'avenir de l'emploi 2018” du Forum économique mondial indique que d'ici 2022, 75 millions d'emplois pourraient être impactés par un changement dans la répartition du travail entre humains et machines et certains profils d'emploi devrait devenir de plus en plus redondant, notamment les comptables. Tenue dans cette croissance effréné et par un désir croissant de performance des entreprises, nous progressons vers une mutation très importantes des compétences humaines aujourd’hui délégués aux NTIC ; de ce fait la profession du comptable se trouve confronter à un adversaire dont il ne connait pas les limites.

Une étude réalisée par l’université d’oxford en 2015 affirme que 95 % des tâches effectuées par un expert-comptable et 97% des tâches effectuées par un comptable sont de nos jours automatisés. Des chiffres particulièrement inquiétants, quand on sait que dans un métier de service, la différenciation avec les confrères se fait notamment à travers une image de qualité et de confiance. Il nous faut constater qu’en France, les professions du chiffre sont plus présentes sur internet et dans les médias sociaux qu’au Cameroun. Il est ainsi pertinent de s’intéresser à l’avenir de ce dernier face à l’utilisation des technologies qui s'imposent dans les services comptables (notamment la blockchain, le power BI et l’intelligence artificielle) que nous nous proposons d’étudier notre mémoire.

Geneviève Mottard, présidente et chef de la direction de l'Ordre des CPA du Québec, reconnaît que des applications ou des robots dotés d'intelligence artificielle risquent de remplacer certains emplois, notamment ceux qui touchent à la tenue de livres ou aux déclarations d'impôts. Néanmoins, beaucoup d'occasions s'ouvrent en même temps à la profession. Récemment, 2 s'est associée à trois jeunes entrepreneurs pour fonder Catallaxy, un centre d'expertise sur les chaînes de blocs (blockchain) basé à Montréal. Les nouvelles technologies prennent leur place rapidement. Ces trois nouveaux services, ainsi que la filiale de conseil gouvernemental RCGT Consulting et le service automatisé lié à l'insolvabilité consommateur, ont tous été lancés il y a moins de cinq ans, mais représentent déjà 12 % des revenus de RCGT. Les attentes et les façons de faire des entreprises changent. De plus en plus d'entre elles désirent pousser l'analyse de leurs données et se servent d'outils analytiques puissants, comme l'application Power BI, lancée en 2014. Par conséquent, les comptables seront donc souvent eux-mêmes appelés à changer leurs façons de faire.

Comme le souligne Louis Roy, « Les comptables doivent faire preuve d’une grande agilité et surtout se montrer curieux pour les Technologies de l’Information (TI). Les entrepreneurs ont des besoins numériques de plus en plus complexes et les grandes sociétés comptables doivent pouvoir les accompagner efficacement ». De nombreux articles conclu qu’il y’a un rendement positif important lorsque ces technologies sont implantées (Philippe Barré, 2003) ; le plus souvent, la recherche vise à examiner la rentabilité à court et moyen terme de ces outils technologiques. Cependant, Plutôt que d'attendre et d'en subir les effets, ne serait-il pas nécessaire de comprendre et de maîtriser ces nouvelles technologies (Julien Tokarz, 2017). La question n'est donc pas de savoir comment l'éviter ou retarder l'échéance, mais comment l'embrasser pour mieux anticiper le futur.

La problématique

La problématique d'une étude est l'ensemble construit autour d'une question principale et des signes d'analyse qui permettent de traiter le sujet choisi. Selon Michel Beaud, (1994) c'est l'ensemble construit, autour d'une question principale, des hypothèses de recherche et des lignes d'analyse qui permettent de traiter le sujet choisi. C'est aussi selon Raymond Quivy et Luc Van Campenhoudt, (1985 :203) «l'approche ou la perspective théorique qu'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ»Elle comporte plusieurs articulations, à savoir :

En tant que comptable on peut s’interroger du niveau d’avancement ou de l’imprégnation du comptable camerounais de ces changements dus au NTIC qui semblent avoir la capacité d’apporter des mutations profondes à sa fonction. Suivant une déclaration lors du récent conseil d’administration du Groupement Inter-patronal du Cameroun paru dans la presse écrite Cameroon-Info.net du 09 juin 2020, « le retard à la digitalisation des entreprises fait perdre plus de 825 milliards de FCFA chaque année à l’Etat du Cameroun ». Quels sont les aspects de la fonction comptable dont la digitalisation contribuerait à l’amélioration des performances des entreprises ? Peut-on arriver à une digitalisation intégrale au point de se passer des services du comptable ?

Notre recherche tentera donc la mesure du possible d’apporter des réponses aux questions suivantes :

§  Les nouvelles technologies sont-elles indispensables à la profession du comptable ?

§  Sommes-nous en train d’assister à la fin de la profession comptable ?

Telles sont les interrogations qui nous ont permis de formuler notre thème comme suit : « Comptabilité et Nouvelles Technologies : l’avenir ou la fin du comptable ». Dans le but de mieux appréhender cette problématique, nous avons défini nos objectifs de la manière suivante.

Objectifs de l'étude

Nous préciserons ici vers quoi doit tendre ce travail de recherche. De l'avis de John Dewey (1983 :133), « avoir un objectif, c'est avoir l'intention de faire quelque chose et percevoir la signification des choses à la lumière de cette intention ». Cela suppose qu'on a une base à partir de laquelle on peut observer, choisir et ordonner les objets et nos propres capacités ; qu'on a une activité intentionnelle contrôlée par la perception des faits et leur relation les unes avec les autres ; qu'on a un plan pour sa réalisation.

En effet, il s’agit d’une étude qualitative dont l’objectif est de connaitre la place qu’occupe le futur comptable face à l’émergence des nouvelles technologies au sein de la profession.

Objectifs spécifiques

À partir de l'objectif général, nous formulons trois objectifs opérationnels :

·        Apprécier l’impact des NTIC sur le rôle du comptable au sein des entreprises ;

·        Analyser l’impact des NTIC au sein de la profession comptable.

Intérêt de l'étude

Ce travail de recherche est assorti d'un intérêt indéniable à un triple niveau :

Ø  D'abord, le sujet qui fait l'objet de ce travail est d'une actualité brûlante au Cameroun aujourd'hui. Les professionnels et d’autres observateurs avertis de la profession au Cameroun s’interroger aujourd’hui sur la disparition apparente du métier de comptable au Cameroun. Le constat est par exemple, l’ignorance de l’évolution du métier et de ce fait des technologies qui l’accompagne nous rendant moins compétitif par rapport au reste du monde, Davy Djomeni  (2020)

Ø  Ensuite, ce sujet relève du domaine des sciences de gestion. Plus précisément, il s'agit de recourir aux théories historiques et sociologiques inspirées des travaux effectués par Werner Sombart (1928), Colasse et Standish (1998) pour refonder les liens entre l’évolution de la comptabilité et les nouvelles technologies.

Ø  Enfin, cette étude a pour finalité de faire prendre conscience et de sensibiliser les acteurs de la comptabilité au Cameroun à intégrer effectivement dans leurs pratiques la notion de nouvelles technologies, les opportunités qu’elle offre au métier du comptable. Le but ultime d'une telle étude est de parvenir finalement à rompre avec les méthodes traditionnelles et à s’arrimer à la digitalisation qui améliore indubitablement de façon significative la performance des entreprises. Pour mener à bien ce travail, nous avons circonscrit son champ d'application de la manière suivante.

Délimitation de l'étude

Délimiter une étude revient à déterminer son cadre thématique et son cadre géographique. Cette recherche aurait pu s'étendre au niveau national, mais compte tenu d'un certain nombre de contraintes, nous n'avons pas eu la possibilité de le faire. Néanmoins, la ville que nous avons choisie, est la capitale économique du pays, et les acteurs sélectionnés révèlent des spécificités qui témoignent effectivement d'une représentativité nationale.

Notre travail est subdivisé en 3 parties ; dont la première porte sur le cadre théorique explicatif de l’avenir du comptable par rapport à la comptabilité du futur. Ensuite, il est procédé à une déclinaison du protocole méthodologique de l’investigation et la troisième partie permet de présenter et d’analyser les résultats obtenus ainsi que les enseignements subséquents.

Plan de recherche

Comme indiqué ci-dessus, l’examen de la performance à long terme des NTIC au détriment de la fonction comptable est très difficile. Donc avant de commencer notre analyse, nous allons d’abord regarder l’ampleur de la situation au Cameroun. Lors des enquêtes sur le terrain à travers des entretiens, nous avons recueillir les données des acteurs (comptables, experts comptables, enseignants de comptabilité, chefs d’entreprises) qui sont concernés par le sujet au Cameroun.

En faisant une étude de cas, nous serons, à mesure d’avoir un aperçu des opportunités ou des menaces qu’offre les NTIC à la profession comptable. A partir de là, nous essayerons d’établir une théorie qui peut expliquer sur le long terme la performance de ces technologies sur l’activité du comptable.

 PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE

L’objectif de cette première partie est d’explorer les concepts de comptabilité et de nouvelles technologies à l’aune de l’élaboration d’un cadre théorique explicatif de ces deux notions. A cet effet, et par souci de clarté, ce premier volet de notre mémoire repose sur deux chapitres. Le premier consistera à mener une réflexion théorique sur l’évolution historique de ces deux concepts et le deuxième présente en revue la littérature sur la place du futur comptable face à l’émergence de nouvelles technologies su sein de sa profession.

CHAPITRE I : INSERTION THEORIQUE DU SUJET

Les exigences de la recherche scientifique imposent à tout chercheur de confronter toujours son travail aux recherches antérieures. C'est ainsi que dans le cadre de ce chapitre nous sommes amenés à élucider d'abord les concepts, à présenter les théories explicatives et à procéder ensuite à la revue de la littérature. Cette revue de la littérature se présente comme le tour d'horizon des recherches réalisées dans le domaine d'étude concerné.

SECTION I : DEFINITION DES CONCEPTS

Cette étude est organisée autour d'un certain nombre de concepts fondamentaux dont la récurrence dans le texte traduit la place centrale qu'ils y occupent. Il s'agit donc de les définir, afin d'en préciser le sens et le contenu dans cette étude. Au risque de considérer toutes les notions rencontrées dans notre travail, nous n'en retiendrons que quelques-uns.

A.     Comptabilité

Les définitions données de la comptabilité sont extrêmement nombreuses tout au long de sa longue histoire. De nos jours encore la controverse continue sur la nature de cette discipline. A cet effet, on proposera une définition de la comptabilité permettant de poser quelques jalons sur son identité ;

Proposition de définition

On définira la comptabilité comme un ensemble de systèmes d’information subjectifs ayant pour objet la mesure de la valeur des moyens et des résultats d’une entité. Reprenons ces termes.

ü  Un ensemble de systèmes d’information

La comptabilité est protéiforme ; elle apparaît sous la forme de divers systèmes d’information poursuivant des objectifs différents.

ü  Des systèmes d’information subjectifs

Le qualificatif subjectif ne signifie pas que la comptabilité ne puisse pas se rapprocher d’une représentation correcte de la réalité ; il signifie que cette représentation de la réalité est faite pour le compte d’un sujet. L’histoire de la comptabilité montre que les objectifs et les traits fondamentaux d’un système d’information d’une époque et d’un pays donné sont déterminés par l’acteur économique qui détient le pouvoir dans ce pays à cette époque ; on montrera ainsi que les concepts de coûts et de résultat ont varié considérablement selon les systèmes économiques ; cette évolution ne signifie pas que le « coût d’un bien n’existe pas », mais qu’il existe pour un sujet donné et qu’il est en cela subjectif.

L’existence d’un acteur dominant sur la scène comptable ne signifie pas que, sauf dans les régimes autocratiques, la totalité du système comptable soit dessinée par cet acteur ; dans les régimes démocratiques des contre-pouvoirs s’exercent et leurs représentants obtiennent généralement des concessions et des informations comptables conformément à leurs souhaits.

ü  Des systèmes ayant pour objet une mesure de la valeur

Pour déterminer les moyens et les résultats d’une entreprise, la comptabilité est obligée de sommer des objets différents (machines, constructions, stocks…, argent).Cette sommation ne peut s’effectuer en quantité et doit s’exprimer en valeur. Comme le souligne C. Simon (2000), il y a plusieurs valeurs comptables possibles ; la « juste valeur » chère à l’école « moderne » américaine et à l’IASB n’est que l’une de ces valeurs et n’est pas plus « juste » que les autres valeurs : le concept de valeur utilisé en comptabilité est multiforme ; pour l’essentiel, il dépend des pouvoirs dominants et des contre-pouvoirs (voir le chapitre 2).

ü  Une mesure de la valeur des moyens et des résultats

Toute action humaine est dirigée vers des buts et s’exprime avec des moyens. La comptabilité valorise ces moyens et ces buts aussi bien sous une forme prévisionnelle (comptabilité prévisionnelle) que passée (comptabilité historique). Comme les concepts de valeurs, les concepts de moyens et de résultats sont subjectifs et dépendent du jeu des pouvoirs et des contre-pouvoirs.

ü  Les moyens et les résultats d’une entité

Le terme entité est très large : il peut concerner une micro structure comme une famille (le paterfamilias romain tenait déjà, dit-on, sa comptabilité – en partie simple), ou une multinationale gigantesque ; il peut concerner une entité privée ou publique, etc.

B.     Nouvelles technologies

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont un rôle considérable dans plusieurs domaines de la société en général et dans le domaine de l’économie en particulier. En effet, ce terme dit « NTIC » a été utilisé au cours des années 1990 et au début des années 2000 pour qualifier le développement rapide des technologies et de l’innovation lié à la télécommunication. Le dictionnaire français Larousse les définit comme étant « l’ensemble des techniques utilisées pour le traitement et la transmission des informations (informatique, multimédia, Internet, etc.) ». En d’autres termes, ce sont les moyens modernes facilitant la communication et l’échange d’information (l’informatique et l’Internet). Ces changements touchent à la fois les communications, le monde de la finance et les échanges, mais aussi, et surtout, la gestion des entreprises et nos modes de vie qui ont connu une accélération incontestable dans cette période.

La réflexion sur l’introduction des nouvelles technologies ne doit pas être déconnectée de la stratégie de développement des entreprises. N’oublions pas que les nouvelles technologies ne sont qu’un moyen et non une fin. (Philippe Barré, 2003). Est-il nécessaire d’optimiser les ressources informatiques des entreprises ? La mise en place d’un réseau informatique au sein celle-ci ne se limite pas au simple partage de données entre collaborateurs et aux gains de productivité. Il permet, en outre, de partager et de mutualiser les “périphériques” du cabinet, évitant ainsi la multiplication d’achats de matériels annexes. Imprimantes, scanners, graveurs de CD ou de DVD sont, grâce au réseau, mis à la disposition de tous en un point de connexion centralisé.

De même, plus besoin de disposer de plusieurs connexions Internet. Fini le poste unique réservé à Internet pour l’ensemble des collaborateurs. Le réseau diffuse l’accès à Internet sur l’ensemble du réseau ; tous les postes peuvent se connecter simultanément. Il en est de même pour le fax ou encore le photocopieur. C’est ainsi qu’en plus des gains de productivité, la mise en place d’un réseau diminue considérablement la ligne budgétaire informatique, notamment en matière de périphériques.

SECTION 2 : EVOLUTION DES CONCEPTS

A.     L’évolution de la comptabilité à travers l’histoire

Depuis les premiers jours des jetons d’argile jusqu’à l’invention de l’abaque (boulier compteur), la comptabilité est aussi ancienne que la civilisation. Ça n’est que lors de la révolution commerciale dans la région de Venise et Florence en Italie, que la comptabilité à double entrée est née. Souvent dénommé comme « le père de la comptabilité », le moine et mathématicien franciscain, Luca Pacioli, a publié, au XVe siècle, un livre sur le sujet qui conseillait trois choses : suffisamment d’argent ou de crédit, un système comptable et un bon comptable. La comptabilité va ensuite se développer et s’adapter pour s’organiser en profession. La croissance des marchés industriels et du commerce exige une comptabilité fiable qui devient une part intégrale du business.

Il n’y a pas si longtemps, dans les années 1970, chaque avis de débit et de crédit était écrit manuellement, les carnets d’épargne étaient de réels carnets physiques et les livres de compte d’impressionnants livres de quelques kilos. Une époque où de nombreuses mains étaient chargées de petites tâches laborieuses sans valeur ajoutée et où le risque d’erreur était important et pouvait coûter du temps et de l’argent à résoudre. L’introduction des tableurs est un premier changement essentiel dans le monde fiduciaire moderne. Des heures et des heures de travail sur papier sont éliminées et remplacées par des formules élaborées pour consolider les livres avec rapidité et simplicité.

Sans aucun doute, les technologies ont pris une place grandissante dans les entreprises et permis de gagner en performance. Plus qu’une évolution, dans le milieu fiduciaire on peut parler de révolution. On raconte d’ailleurs qu’à l’arrivée des technologies, les métiers de la comptabilité étaient les premiers à avoir installé un ordinateur sur leur bureau. Les méthodes traditionnelles ont été adaptées en introduisant de nouveaux outils et de nouveaux modes de travail qui ont réellement changé la comptabilité au profit des clients comme du fiduciaire.

Le contrôle du pouvoir se trouve en comptabilité. Comme le martelait Colasse « le monde est gouverné par les chiffres et c’est grâce aux chiffres qu’on gouverne le monde ».

Il est incontestable dans ce sens que l’histoire et l’évolution de la comptabilité à travers le monde entier ont suivi celles du capitalisme.

Faisant suite à cette liaison, c’est bien évidemment la recherche maximal du profit qui a conduit les investisseurs à s’intéresser au progrès de la science, à celles des  nouvelles technologies de l’information et de la communication,  et à leur apport au sein du système d’information de l’entreprise ceci dans le but non seulement de rechercher une sécurité de ces informations mais également de rendre le travail des services opérationnels fluide réduisant ainsi les couts lié à la main d’œuvre humaine abondante, les risques d’erreurs et le temps de traitement des opérations entre autres.

Ainsi donc, suite au scandale financier des années 2001 (La faillite d’Enon aux USA et de worldcom), l’évolution et la performance des outils des systèmes d’information ont permis d’établir des normes régissant la sécurité de l’information financière d’une part, mais également en résolvant d’autre part les problèmes liés à l’asymétrie de l’information entre l’agent et le principal car les contrôles à travers l’audit ce sont multiplier à tous les niveaux au sein de l’entreprise. Cependant, dans les années 2008 à 2009 une nouvelle crise financière à vue le jour brisant ainsi plusieurs économies sur le plan mondial, années pendant lesquels est née la blockchain initiée au départ à travers le bitcoin qui après plus de 10 année s’érige dans le domaine comptable promettant ainsi de résoudre à jamais ces problèmes à travers la sécurité infaillible de l’information, sa non destructibilité et sa transparence entre les différents utilisateurs de l’information.

Par ailleurs à travers l’évolution de la valeur ajoutée comme exemple ; les auteurs interprètent cette émergence comme une même réponse à des préoccupations différentes : la recherche par les entreprises d'une plus grande productivité, la recherche par des salariés et les autres parties prenantes d'une meilleure répartition de la richesse créée ; par conséquent, des groupes sociaux aux intérêts contradictoires. Cependant les entreprises mue d’une plus grande productivité confrontent les salariés à des challenges à la hauteur de leurs attentes. Ainsi donc, la société et les hommes évoluant et perpétuellement à la recherche de nouvelles expérience et d’une meilleure performance se voit offrir par le domaine des NTIC des outils qui non seulement font gagner beaucoup d’argent, de temps et limités les risques liés à leur activités entre autres, contribue à la compétitivité et à la pérennité de celle-ci. De l’autre côté le salarier pour se rendre indispensable investit les moyens nécessaires à l’apprentissage et à l’usage de ces outils qui contribuent à réduire significativement la main d’œuvre, voir la crédibilité de sa fonction d’où la nécessite pour ce dernier de booster son potentiel culturel et structurel afin de marquer son importance au sein de l’entreprise.

La liste et les usages décrits ci-dessous ne peut valablement pas être exhaustive mais permet d'ouvrir le débat et d'entrevoir l'horizon des opportunités. Ainsi donc nous arrivons à la croisée des chemins entre la comptabilité et les nouvelles technologies qui proposent une nouvelle façon de faire.

B.     Les NTIC un nouveau visage pour la comptabilité

Dans ce nouveau millénaire et dans le contexte de la "globalisation" tous les spécialistes adhérents pour souligner l'importance décisive de ce que l'on appelle les NTIC (économie digitale) pour la croissance économique et l'emploi. Il est devenu courant de réunir les NTIC au concept du Société d'informations. Autrement dit, avec le développement des NTIC, on assisterait à des modifications ou changement de la société elle-même. On remarque de nos jours de plus en plus d'objets ou de produits composites qui combinent 3 secteurs : informatiques, télécommunication, télévision, en même temps que le développement, la création et la propagation du son et de l'image, de la reconnaissance vocale, du langage parle ou écrit, associé au téléphone mobile. Ces divers technologies et produits se caractérisent par leur ambiguïté et leur capacité d'hybridation.

Dans le jargon économique, en plus de la mondialisation, l’ensemble des activités liées aux nouvelles technologies de l’information et de la communication, tel que le télémarketing, le télé-secrétariat et la vente par Internet, renvoient à l’expression « nouvelle économie », signifiant les nouveaux acteurs (les start-up) et modèles économiques nés dans un contexte de mondialisation des échanges et d’ouverture des marchés. Et contribuant ainsi à une hausse de la croissance, par la « création de nouvelles sociétés webmarchandes, par une forte concurrence permise par le monde du web et par une gestion du stock facilitée grâce au commerce électronique ». Cette période s’est caractérisée par une faible inflation, un chômage très bas et une hausse des salaires réels.

Les Technologies d’information et de communication touchent différent domaines tels que l’éducation, la santé et surtout l’économie dans ses différents secteurs. Des politiques de l’OCDE (2000) ont appréhendé le champ des NTIC comme celui de « l’ensemble des secteurs d’activités économique qui contribuent à la visualisation, au traitement, au stockage et à la transmission de l’information par des moyens électroniques » (Didier Lombard, Patrice Roussel et Sylvie Du martin, 2001). Les TIC occupent une place importante dans l’économie actuelle et contribuent à la croissance économique. La diffusion massive et rapide des technologies numérique a révolutionné les systèmes de production et les comportements de consommation des économies développées, et elle a aussi profité aux pays en développement. « Nous devons pouvoir en tire d’avantage pleinement. Le gouvernement dans son organisation accordera à ce secteur toute l’attention méritée» Affirme Paul BIYA président de la république du Cameroun lors de son discours de fin d’année 2015.

Grace aux TIC les entreprises doublent leurs chiffres d’affaire et peuvent désormais redéfinir leur cible, prendre des décisions en fonction de l’attente des consommateurs, communiquer leurs informations par Internet, s’assurer du suivi des commandes et des livraisons à distance et surtout à travers la fonction marketing peuvent créer leurs images et des audiences. Les salariés gagnent en autonomie et en responsabilité diminuant ainsi les niveaux hiérarchiques, ils peuvent effectuer des groupements en fonction de leurs centres d’intérêt, ils accèdent à des catalogues, ils commandent en direct, ils ont une assistance pour des recherches de produits, de prix et de services et ils ont un accès illimité et permanent au produit et surtout les entreprises augmentent leur productivité grâce à l’automatisation des tâches et voient diminuer leur coûts de stratégies marketing.

CHAPITRE II : REVUE DE LA LITTERATURE

Dans ce chapitre, il s'agit ici de déterminer l'état des connaissances sur l’avenir du comptable face à l’émergence des nouvelles technologies au sein de la profession au Cameroun. Avant de présenter l'état de la littérature sur la question au Cameroun, il nous revient de prime abord de parcourir les travaux qui ont été réalisés par des auteurs majeurs dans d'autres régions du monde sur le sujet.

SECTION I : IMPACT DES NTIC SUR LA PROFESSION COMPTABLE

Les nouvelles technologies offrent de nombreuses possibilités et facilité la tenue de la comptabilité ; l’objectif étant d’automatiser les tâches à faible valeur ajoutée. Saisie manuelle de factures, gestion de la TVA, relances clients. De plus, les possibilités infinies de mise à jour rendent possible l’actualisation continue au niveau des conformités légales. Tour d’horizon de ce que les machines ont rendu possible :

ü  Collecte automatique des factures

La technologie s’est occupée du problème numéro 1 des comptables : la recherche des pièces comptables. Cette activité demande un temps considérable car les sources d’émissions de ces pièces peuvent être diverses. Elles peuvent arriver sous format papier ou être envoyées par mails. Quand certaines d’entre elles viennent à manquer, le comptable doit relancer son client jusqu’à ce qu’il lui envoie toutes les pièces. Comment la technologie a-t-elle réglé ce problème ? Des robots collectent les factures depuis les boîtes mails et un scanner extrait automatiquement les informations importantes comme l’émetteur, le prix, ou la date.

ü  Gestion des notes de frais

La question des notes de frais représente une perte de temps considérable tant pour les comptables que pour leurs clients. En effet, il faut pouvoir fournir toutes sortes de justificatifs : tickets de caisse comprenant la TVA ou factures par exemple. La pluralité des provenances de ces justificatifs est encore plus grande. La conception d’applications intelligentes permet aujourd’hui de scanner et stocker ses notes de frais avec une simple photo.

ü  Automatisation de la saisie

Après avoir réuni tous les justificatifs, l’expert doit comparer les mouvements bancaires et les justificatifs de paiements. C’est une étape importante car elle lui permet d’alerter son client en cas de mouvements bancaires injustifiés. Les logiciels permettent d’automatiser ce rapprochement entre factures et transactions bancaires. Ils alertent automatiquement le responsable en cas d’irrégularités. Il est évident que la technologie transforme le métier de comptable en automatisant des tâches essentielles du métier. Le logiciel s’occupe de ces tâches répétitives et dégage du temps au comptable. 

ü  Réduction du travail manuel et des erreurs

Il existe maintenant un certain nombre de technologies qui permettent de réduire la quantité de saisies manuelles en plus de diminuer considérablement la marge d’erreur. Excel est devenu obsolète et a été remplacé par des logiciels spécialisés. Les entreprises ont le potentiel de rationaliser la saisie des données. Les fiduciaires modernes ont accès à une plus grande quantité de données plus précises qu'elles peuvent interpréter pour fournir plus de stratégie et de conseils, ou accompagner les clients dans la planification des futurs budgets. Les outils technologiques permettent aussi une meilleure communication entre le mandataire et le comptable. Si les réunions en face à face sont essentielles pour certains sujets, cette facilité permet d’externaliser sa gestion administrative à une fiduciaire qui n’est pas nécessairement sur place sans aucun souci.

ü  Le Cloud Computing

D’une manière générale, on nomme Cloud Computing la livraison de ressources et de services à la demande par internet. On accède à des données, synchronisées avec d’autres informations, ou des programmes, par l’intermédiaire d’internet plutôt que via le disque dur d’un ordinateur. De cette manière, une entreprise peut acheter des ressources informatiques sous forme de service. Qu’il s’agisse d’un système de messagerie comme Gmail ou du partage de documents avec Dropbox, le Cloud Computing est de plus en plus répandu et peut être avantageux pour la gestion et la relation client. D’après Gartner, d’ici 2020, 80% des grandes entreprises et 25% des PME en Amérique du Nord et en Europe remplaceront leurs anciens systèmes sur site et leurs processus manuels par des solutions cloud FCPM (gestion des performances financières des entreprises) pour la consolidation et le reporting financier, ainsi que pour l’optimisation et l’automatisation du contrôle financier. Les solutions cloud facilitent l’automatisation et les innovations qui révolutionnent aujourd’hui les opérations des départements comptables, comme le montre clairement l’adoption du modèle Continuous Accounting.

ü  La sécurité

La question de la sécurité devient l’enjeu majeur des départements comptables ; avec le progrès des technologies et le thème des RGPD  souvent traité dans la presse ses derniers temps, viennent les questions de sécurité. Mais grâce à des programmes fiables et l’emploi des meilleurs moyens, les données sont très sécurisées et les logiciels de comptabilité sont parmi les plus protégés disponibles. Des procédés qui en plus d’être plus sécurisés que des dossiers qui trainent permettent d’éliminer un bon nombre de papiers, ce qui est meilleur pour l’environnement. Selon l’étude conduite par BlackLine qui a également révélé ce constat alarmant : seuls 53% des participants ont déclaré que leur service avait pris les mesures nécessaires pour mettre régulièrement leurs systèmes à jour, et seulement 25% d’entre eux estiment que l’attitude de leur service en matière d’optimisation de la sécurité est proactive.

ü   Le client au centre du processus

Certaines startups ont choisi de travailler en déléguant une partie des tâches à l’entreprise. C’est-à-dire qu’elles ont développé des programmes pour qu’un maximum du travail de comptabilité, la saisie des transactions par exemple, soit fait par le client lui-même. Une solution qui peut convenir pour un indépendant au budget serré, mais à réfléchir, surtout en cas de complexité. Le temps que vous allez perdre en interne, vaut-il vraiment l’économie que vous pensez faire ? En effet, derrière un logiciel, il y a un algorithme défini pour un nombre de cas important. Mais il est difficile de prendre en compte la subtilité des réglementations, des particularités et des usages de notre métier. D'un pays à l'autre, d'un canton à l'autre, d'une date à l'autre, elles diffèrent et évoluent. Nous sommes dans un domaine où les technologies permettent un gain considérable à bien des niveaux. 

ü  Les nouvelles technologies pour simplifier la vie des dirigeants 

Bien qu’il existe des logiciels de comptabilité certainement géniaux, en tant que gérant d’entreprise, il est important de considérer certaines questions avant de remplacer un comptable par celui-ci. S’ils visent à aider ceux qui n’ont pas énormément d’expérience en comptabilité, prendre le temps de comprendre et de le configurer pour votre situation particulière peut représenter un investissement non négligeable. Aujourd'hui, certains comptables ont su voir l’opportunité de ces technologies modernes pour optimiser les différents processus et apporter plus de valeurs aux clients. En s’appuyant sur les meilleures technologies de gestion, Synergix a mis en place ses propres procédés pour simplifier la vie des dirigeants. Aucun investissement dans un système comptable n’est nécessaire, les outils sont ainsi accessibles autant à une petite PME qu’à une multinationale. La configuration et les mises à jour sont gérées par le comptable. Le client n’a que ses factures à scanner à leur réception, puis tout est traité presque instantanément par les équipes de Synergix. La mise en place d’un ERP et de la GED (Gestion Electronique des Documents) permet une gestion administrative optimisée, l'archivage des documents et de retrouver facilement un renseignement au besoin. Les missions chronophages ont considérablement diminué au profit d’une meilleure efficacité, une meilleure qualité de travail et d’informations, ainsi qu’un gain de productivité. Les experts en finance et controlling sont plus flexibles et peuvent se concentrer sur le conseil pour accompagner au mieux les clients dans la gestion de leur société et de leurs finances. Observant le manque d’un outil qui permettrait aux entrepreneurs d’avoir une vision claire de leur comptabilité en temps réel, de communiquer facilement avec leurs employés, ainsi que le besoin de retrouver aisément des écritures comptables. Les dirigeants de Synergix, Enrico et Jérôme Chincarini, ont créé la plateforme en ligne IODD, en parallèle de leurs activités de fiduciaire, qui remplit, entre autres, toutes ces fonctions. Grâce à des dashboards intuitifs et précis, toutes les informations sont centralisées et synchronisées pour assurer la meilleure visualisation des données du business et une prise de décision éclairée. Les données peuvent être extraites et analyser sur tout appareil avec une connexion internet. L’outil est en évolution perpétuelle et s’appuie également sur la comptabilité mobile pour sonner le glas aux boîtes à chaussures pleines de reçus. Il suffit de prendre une photo des tickets de caisses, l’application extrait les informations qui n’ont donc pas besoin d’être saisies. Ils peuvent ainsi être directement ajoutés au fur et à mesure aux dépenses de notes de frais du mois de l'employé.

Ainsi s’achève les explications sur l’impact des NTIC sur la comptabilité de façon générale. A présent, nous allons analyser les outils de la technologie qui précise l’objet de notre recherche en donnant, leurs définitions, rôles et impact sur la comptabilité.

A.     L’intelligence artificielle au cœur de la communication comptable

1.      Définition

« Il n'existe pas de définition uniforme de ce que l'on veut dire exactement par intelligence artificielle », répond Mario Malouin, professeur invité en sciences comptables à l'Université du Québec en Outaouais (UQO). Une définition, selon lui, serait « l'habilité de réaliser une tâche complexe par quelqu'un de non humain ».

Près d’un tiers (32%) des professionnels de la fonction comptable interrogés en France ont déclaré avoir déjà recours à l’intelligence artificielle dans le cadre de leurs activités, tandis que 84% d’entre eux estiment qu’elle occupera une place prépondérante dans le paysage au cours des dix prochaines années. Mais l’IA va encore mûrir et évoluer, et notamment prendre en charge des tâches plus complexes, comme la prise de décision. Plus de la moitié (46 %) des sondés estiment en effet que d’ici 10 ans, l’IA sera en mesure de prendre des décisions financières stratégiques. (BlackLine, 2017)

2.      Rôle de l’intelligence artificielle

Confier votre travail à un ordinateur intelligent, rêve ou cauchemar ? C'est pourtant ce qui pourrait se passer dans les prochaines 5 à 10 années. Pour un comptable dans un cabinet, cela signifie s'appuyer sur un réseau d'intelligences artificielles qui seraient capables de dialoguer avec celles du client pour non seulement effectuer la tenue comptable, mais également faire le travail d'audit, de contrôle et de certification. Ce n'est d'ailleurs pas une surprise si tous les grands cabinets de conseils surveillent les évolutions de l'IA avec beaucoup d'attention, compte tenu des bouleversements qu'elle pourrait induire sur le marché du travail.

3-     Impact de l’intelligence artificielle sur la comptabilité

Par sa nature, le métier de comptable sera inévitablement transformé par l'intelligence artificielle. Le développement de l'intelligence artificielle ne représente donc pas seulement une menace pour les experts-comptables mais bel et bien une réelle opportunité. Ces avancées technologiques simplifient leur travail. Elles leur font gagner du temps en les libérant des tâches " ingrates " et routinières ; et l'intelligence artificielle peut également aider les experts-comptables à fournir des services personnalisés. Certains cabinets par exemple utilisent l'automatisation pour faire un meilleur suivi de leurs clients. La technologie représente une réelle opportunité pour les experts-comptables qui peuvent désormais se concentrer sur la relation client et les activités à plus forte valeur ajoutée en général. De quoi offrir une meilleure satisfaction à leur clientèle.

L’intelligence artificielle est-elle une solution pour développer de nouvelles missions ? Afin de compenser la perte de chiffre d'affaires relative à la facturation des tâches à faible valeur ajoutée, ils pourront désormais développer de nouvelles missions de type conseil en financement, courtage en assurances, ou encore gestion de patrimoine. Certains réseaux l'ont bien compris, à l'image de Jarvis Conseils, réseau d’expert comptables Français  par exemple, qui propose déjà à ses experts-comptables adhérents des outils de dématérialisation mais aussi des solutions innovantes permettant de développer d'autres missions.

La comptabilité est bien en train de migrer vers des solutions automatisées ou robotisées, mais il s'agit plutôt d'intelligence augmentée, selon le professeur Malouin. « Ce que l'on fait, c'est réduire l'intervention humaine », dit-il. Intelligence artificielle ou augmentée, peu importe, l'Ordre des CPA du Québec se montre très proactif, selon lui. Ce n'est pas un choix, toute profession doit s'adapter aux avancées technologiques. « Les espèces qui survivent sont celles qui s'adaptent », rappelle-t-il.

Dans la même lancé, Côme Fouques (2019) poursuit ; depuis quelques années, le robot comptable tend à révolutionner la profession. Qu'il s'agisse d'une gestion entièrement automatisée de la comptabilité ou d'une plateforme pilotée par un ou plusieurs experts-comptables, elle voit d'un œil méfiant cette nouvelle technologie qui pourrait bien finir par la remplacer. Par exemple Georges (le robot comptable) fait de la comptabilité DLC en analysant automatiquement le relevé bancaire. C'est la matière première dont on a besoin. Ensuite l'utilisateur va synchroniser sa banque pour donner au robot l'accès à son relevé bancaire. Il le fait une fois à l'initialisation et à partir de là tous les jours les nouvelles transactions bancaires de l'utilisateur sont reçues (Côme Fouques, 2019)

Pendant que cette tâche s'effectue, l'utilisateur renseigne les informations complémentaires dont la plateforme a besoin (nom de son association de gestion agréée, s'il est soumis ou non à la TVA, l'exercice fiscal sur lequel il veut débuter et enfin il choisit le compte bancaire qui est son compte professionnel.) Ensuite l'intelligence artificielle (IA) analyse le relevé de compte en banque. « Ça se présente vraiment comme un relevé bancaire avec la date, le libellé et le montant, simplement l'IA a analysé automatiquement les flux et a directement appliqué les comptes comptables qui lui paraissaient les plus probables, on a donc 90 % de catégorisation automatique », indique Côme Fouques (2019). « Ça marche particulièrement bien car on a que des clients de professions libérales et donc les transactions sont très similaires d'un client à l'autre.» Dès que l'utilisateur à un doute sur une catégorie, il peut utiliser le bouton à catégoriser et il est invité à choisir parmi toutes les catégories possibles.

L'historique fourni par la banque dépassant rarement six mois, et les clients s'inscrivant souvent plus de six mois après le début de leur exercice, la plateforme a développé des outils automatiques pour analyser les relevés PDF transmis directement par l'utilisateur. « On a toutes les transactions bancaires de l'utilisateur depuis le premier janvier de l'exercice fiscal jusqu'à la date du jour et c'est mis à jour quotidiennement. »

En fin d'année, Georges reproduit les différentes étapes qu'un expert-comptable suivrait pour finaliser l'exercice fiscal. « On guide l'utilisateur, il y a 18 étapes pour saisir ses immobilisations et ses cessions d'immobilisation mais tous les calculs un peu compliqués qu'un indépendant qui n'est pas comptable ne peut pas faire sont automatisés. Ça va calculer automatiquement les amortissements et en cas de cession les plus-values de cession avec les exonérations fiscales, pareil avec les repas, les véhicules etc.», décrit Côme Fouques. « Nos utilisateurs suivent ce guide et une fois qu'ils ont terminé toutes les étapes ils obtiennent une déclaration 2035 en bonne et due forme avec toutes les annexes. Tout ça est télétransmis directement depuis Georges vers les associations de gestion et l'administration fiscale. » Georges est également disponible sur mobile avec les mêmes fonctionnalités et en plus la possibilité de joindre un justificatif avec l'appareil photo.

Cependant ; à la question de savoir si l'intelligence artificielle risque de se substituer un jour au comptable ? (David chalmers 1995) « Sans la présence d’humains, un ordinateur n’est qu’une machine qui transforme des signaux... » ; Eric Nguyen, directeur principal, Intelligence artificielle et analytique avancée chez Raymond Chabot Grant Thornton, répond : « L'intelligence artificielle n'est pas une technologie qui va remplacer le comptable, mais plutôt un outil d'aide à la prise de décision. » Par exemple, la réconciliation des transactions est une tâche ardue qui consomme temps et énergie. « Plus on fera appel à des données numérisées, plus le travail du comptable se fera efficacement », dit-il. « L'intelligence artificielle fera ce que l'on appelle le travail de moine, soit les tâches administratives », ajoute Geneviève Mottard, présidente et chef de la direction de l'Ordre des CPA du Québec. Mais elle ne se substituera pas au rôle-conseil que joue le comptable, selon elle.

Nous percevons donc que la partie “comptable” va donc petit à petit être prise en charge par l’intelligence artificielle, l’automatisation, le Machine Learning et d’autres innovations technologiques. En revanche, la partie “expertise” n’est pas prête de disparaître. Cette longévité sera due à un aspect souvent oublié du métier d’expert-comptable : le conseil. 

Face à la difficulté et la rapidité des changements en matière de législation, les chefs d’entreprises devront voir leurs experts comptables comme de précieux conseillers. Ils peuvent venir en aide à aux dirigeants dans au moins 3 domaines :

ü  Les conseils aux jeunes entreprises

Pour rajeunir leur image et s’inscrire durablement dans l’innovation entrepreneuriale, les cabinets s’investissent de plus en plus dans le conseil aux jeunes entreprises. La preuve avec INKO premier incubateur lancé par des experts-comptables. Concrètement, un expert-comptable peut venir en aide à un jeune entrepreneur dans le choix de son statut juridique (SARL ou SAS par exemple), son statut social (salarié, indépendant). Il peut aussi apporter son expertise lors de l’établissement du business plan, par exemple en s’occupant de l’aspect financier.  

ü  Les conseils en matière de finances et de comptabilité

Tout d’abord, les experts comptables appartiennent à un ordre qui observe un code de déontologie stricte. Par conséquent, faire appel à l’un d’eux est gage de qualité mais surtout de fiabilité. Au-delà de cette mission purement comptable, l’expert peut aider l’entrepreneur en lui indiquant les leçons à tirer de son travail. Prenons l’exemple d’un bilan financier négatif. Après avoir reçu les informations, l’entrepreneur aura surement le désir de savoir non seulement ce qui a mené à un résultat médiocre, mais surtout comment améliorer ce résultat. C’est à ce moment précis que le comptable pourra montrer que son expertise dépasse de loin celle d’une machine. Combien coûterait un changement de locaux ? Un nouveau recrutement ? De telles décisions seraient-elles compatibles avec la santé financière de l’entreprise ? Autant de questions auxquelles l’expert peut répondre. Bien sûr, ce dernier ne prendra aucune décision à la place de l’entrepreneur, mais ses conseils seront surement très appréciés.

Pour ainsi dire : « Le robot comptable pose un problème de nouveauté, de la façon dont le droit doit saisir un problème qui n'existait pas », expose Bernard Sansot, avocat. « Il y a une chose qui est certaine c'est que la nouveauté, surtout quand elle est technologique, est définitive. »

B-    La blockchain : comptabilité du futur

1.      Définition

La technologie Blockchain permet la tenue d’un registre public de transactions, organisées par ordre chronologique, et s’appuie sur un réseau décentralisé d’utilisateurs, par exemple Internet. Il faut imaginer « un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible » (Delahaye 2015, p. 80).

2-     Rôle de la blockchain

Avec le développement de la technologie blockchain, les métiers du chiffre devraient connaître une véritable révolution. Les experts se devront d’évoluer davantage encore vers des missions d’analyse et de conseil. La Blockchain est caractérisée par trois principes : transparence (l’information est « publique », c’est-à-dire partagée entre les utilisateurs) ; protection des données (non falsification, vérification des informations par les noeuds du réseau, absence d’effacement des données, anonymisation) ; décentralisation (fonctionnement sans organe central de confiance chargé de l’administration, du contrôle, et plus généralement de la gouvernance du système) (Desplebin et al. 2018).

La blockchain, gigantesque base de données numérique décentralisée, est aujourd’hui une réalité. Depuis ses débuts en 2008 avec la création des premières monnaies numériques, cette technologie s’est imposée auprès d’acteurs privés et étatiques au travers de différents usages tels que le transfert d’actifs, la mise en place de registres assurant une meilleure traçabilité des échanges ainsi que la création automatisée de contrats (smart contracts). Cette technologie trouve d’ores et déjà de nombreux usages dédiés aux métiers du chiffre. Chaque information échangée étant inscrite sur des registres décentralisés et cryptés, l’enregistrement de transactions via une plate-forme blockchain devient infalsifiable et irrévocable. Une fonctionnalité qui pourrait permettre de décharger les professionnels de tâches fastidieuses, à l’instar des vérifications portant sur l’intégrité du livre de compte. Outre un très haut niveau de sécurisation, la blockchain permet également de limiter les erreurs grâce à la saisie comptable en temps réel. Cette technologie pourrait donner naissance à un registre central à même de valider de façon autonome et en temps réel les écritures comptables des entreprises. Déjà, les « big four » planchent sur un projet commun : la création d’une plate-forme de comptabilité basée sur la blockchain incluant une bibliothèque open source de contrats intelligents destinée à capturer, traiter, auditer et rapporter les données d’entreprise.

Figure 1 : Processus de fonctionnement de la Blockchain (Desplebin et al. 2018). 


Source : 1. E.G. Consortium LaBChain regroupant 25 organisations dont la Caisse des Dépôts, leCrédit Agricole, Allianz, Groupama, Natixis.

En tant que profession réglementée, et au même titre que les notaires, huissiers, notaires, banques, il convient de s'interroger sur les éventuels impacts de cette technologie sur notre travail.

2-     Quels impacts pour la profession du chiffre ?

Nous pouvons généralement considérer que le système d’information comptable vise à donner une représentation de la performance interne de l’entreprise, liée à son activité. Coyne et McMickle (2017) ainsi que Degos (2017) relèvent que les supports de la comptabilité ont déjà maintes fois évolué pour s’adapter à la technologie disponible et à la vie économique (tablettes d’argile, parchemin, papier, enregistrements magnétiques, Cloud…). À l’ère numérique actuelle, ces registres prennent la forme de bases de données, et différentes solutions (propriétaires et open source) existent avec des caractéristiques fondamentales similaires. La Blockchain est également une base de données, avec des spécificités propres, comprenant par exemple la qualité de registre, et pourrait constituer la prochaine évolution généralisée des supports comptables. Ceci nous enmène à poser la question de savoir :

ü  la Blockchain peut-elle servir de nouvelle technologie comptable ?

 

La différence principale et la plus intéressante entre les bases de données traditionnelles qui servent de support à la comptabilité actuellement et la Blockchain est la solution de contrôle des données proposée. White (2016) précise que « toute tentative de manipulation d’une transaction antérieure nécessite un retraitement de tous les blocs suivants de la chaîne. Cette activité aurait besoin de dépasser la vitesse à laquelle de nouveaux blocs sont ajoutés à la chaîne. En conséquence, beaucoup considèrent la Blockchain comme immuable ou immunisée contre la manipulation, qui est la principale attraction de la tentative de l’adapter à la comptabilité en tant que livre de transactions ». La Blockchain serait la seule solution qui offre une telle sécurisation des données (fiabilité et inviolabilité).

De plus, la solution de contrôle proposée par la Blockchain admet la possibilité de définir des degrés de transparence, via l’utilisation de clés publiques et de clés privées, qui permettent à la fois d’avoir un registre (et un grand livre) définissable librement comme étant public ou privé et donc in fine ouvert à de nombreux publics, de nombreuses configurations d’utilisateurs (Leloup 2017). Il est alors possible de définir des niveaux de confidentialité (évitant donc aux entreprises de publier leurs transactions, mais aussi de réguler quel utilisateur a accès à quel type d’information), et de définir des responsables autorisés à ajouter des blocs de transaction à la chaîne. Ces caractéristiques permettraient à la Blokchain de s’affirmer comme un support particulièrement pertinent pour la tenue d’un Journal et d’un Grand livre partagé au niveau intra organisationnel, ainsi qu’avec des tiers extérieurs soigneusement sélectionnés (actionnaires ou auditeurs externes) (Rückeshäuser 2017).

ü  Quand la Blockchain pourrait-elle s’appliquer à la comptabilité ?

Des expérimentations proposant le traitement de la facturation via un processus Blockchain sont aujourd’hui émergentes (Friscour 2017). Des sociétés proposent par exemple d’ores et déjà un principe de mise en service d’un réseau décentralisé de paiement, d’échange, et plus généralement de « management » de la facture basé sur la Blockchain. Le service proposerait l’automatisation des processus du cycle de la facture pour l’émetteur et le récepteur ; la sécurisation des factures et de leurs données ; le suivi en temps réel des factures ; la possibilité de les partager instantanément avec un ensemble d’acteurs à déterminer (e.g. administration, cabinet d’audit, affactureur).

De nombreux avantages sont avancés quant à l’utilisation de la technologie comme support de facturation. Tout d’abord, des moyens de paiements sans frais peuvent être associés à la facture pour faciliter son traitement (e.g. paiement automatique via un système de smart contract – concept qui sera défini dans la section suivante). La Blockchain protège contre les risques de fraude et permet de sécuriser les paiements. L’outil permettrait donc de supprimer les retards de paiement pour le client comme pour le fournisseur. Enfin, Friscour (2017) précise que la Blockchain, permettrait grâce à des smarts contracts et à un réseau partagé d’automatiser l’affacturage et ainsi de réduire au minimum les moyens nécessaires à son recours (délais ; temps de traitement et d’échange de l’information) donc son coût. On passerait alors d’une situation d’échange à une situation de partage d’informations en temps réel (Real-Time Accounting).

L’outil permettrait ainsi une facilitation des paiements, des échanges d’informations, de l’insertion des partenaires d’affaires et des banques (Coyne et McMickle 2017) dans un nouveau degré de partenariat autour de l’utilisation d’une comptabilité connectée, usant de smart-contracts afin de constituer ce qui est désigné comme un véritable écosystème comptable digitalisé. Le concept de smart accounting (comptabilité intelligente) se réfère à celui de smart contracts. Ces derniers sont des programmes informatisés « intelligents » qui exploitent de façon avantageuse les possibilités de la technologie Blockchain. Ces programmes sont qualifiés d’ « intelligents » car ils sont en mesure de fonctionner de manière autonome afin de vérifier les conditions de leur réalisation et de s’auto-déclencher le cas échéant. Le développement récent de cette technologie permet une décentralisation et une sécurisation de ces smart contracts impossible jusqu’alors, rendant leur usage envisageable dans le secteur professionnel.

Au-delà de la réalisation de simples contrats, ces programmes informatiques peuvent être encodés afin de réaliser un ensemble d’opérations en fonction de conditions spécifiques. Ceux-ci peuvent ainsi être utilisés par exemple comme outil de contrôle automatisé, surveillant les opérations comptables à partir de procédures standardisées. Le programme vérifie alors que l’écriture comptable respecte les conditions et les standards qui ont été prédéfinis. Ils peuvent également être programmés afin d’enclencher des procédures comptables spécifiques lorsque certains critères sont atteints. Le Smart Accounting permet donc une automatisation des opérations comptables, des procédures de contrôles et une sécurisation des procédures.

A.     Le power BI

1.      Définition

Power BI est une suite d’outils permettant d’analyser des données et de partager des informations. Quelle que soit la nature de vos données, Power BI vous permet de vous connecter facilement à vos sources de données, de visualiser les informations importantes et de les partager.

En juin 2020, le Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables (CSOEC) organisait un webinaire autour de la Big Data, sur le thème « Comment exploiter les données de mes clients ? ». Selon Sanaa Moussaïd, 70% des entreprises déclarent manquer des ressources nécessaires pour analyser leurs propres données. C'est donc cette cible, constituée essentiellement de TPE et PME, que les cabinets doivent viser.

Marianne Alex, auteur d'une étude sur le sujet auprès de professionnels de l'expertise comptable, le dit clairement : « La plus grande difficulté des cabinets est aussi un paradoxe : la plupart des collaborateurs se disent trop pris par la saisie pour développer de nouvelles missions, mais nous constatons dans le même temps une résistance à accepter des outils d'automatisation qui contribueraient à régler ce problème ».

2-     Rôle du Power BI

À l’ère du numérique où les consommateurs à travers le monde passent de plus en plus par le web pour effectuer des achats et des recherches, utiliser les réseaux sociaux, envoyer des messages et partager de nombreux contenus, des signaux GPS et plein d’autres choses, les géants du secteur (Google, Yahoo, Facebook…) ont vu l’opportunité de créer cette technologie révolutionnaire de l’information. Ce sont ces données pêle-mêle qui constituent le Big Data. Son système complexe d’algorithmes et de technologies rend possible le stockage de ces grandes masses de données et leur analyse.

Les outils Big Data sont justement des logiciels destinés à analyser ces données vu que les outils classiques de gestion de l’information ou de base de données sont incapables de les traiter. Ils présentent de nombreux avantages pour les entreprises, qui peuvent alors obtenir les données relatives à leurs activités, produits, consommateurs et les exploiter à leur aise. L’outil analytique permet par exemple de suivre les tendances de marché, de comprendre les comportements de consommateurs, d’élaborer des stratégies marketing plus efficaces et de booster des ventes. Ce sont les outils de veille économique de notre ère.

Power BI, édité par Microsoft, propose aussi une solution de Business Intelligence de Data Visualization et de reporting, permettant d’agréger, d’analyser et de visualiser les données issues de différentes sources. Il utilise pour cela une suite d’outils analytiques et se base sur le cloud. Le partage des insights est aussi possible et s’effectue de manière sécurisée. Vos équipes pourront consulter les dashboards évolutifs créés et les exploiter en choisissant les formes des plans de visualisations. À partir de ces résultats, ils prendront aussi les meilleures décisions stratégiques.

3-     Impact Power BI à la comptabilité

Les professionnels de la finance capables d’interpréter les données vont être de plus en plus recherchés. McKinsey prévoit d’ici dix ans la création de 2 à 4 millions de postes pour interpréter les informations des machines. Les entreprises qui sauront prendre le train en marche seront les grandes gagnantes. Dans cette même lancé selon Forrester, d’ici 2020, les « entreprises axées sur la connaissance » capteront 1,2 trillion de dollars par an au détriment de leurs concurrents moins bien informés. Une fois encore, il ne faut pas avoir peur du changement et restons optimistes pour l'avenir. J'ai souvent cette phrase de W.Churchill en tête dit-il : « un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l'opportunité dans chaque difficulté. »

Le power BI entre autres permet :

ü  De partager des tableaux de bord avec d’autres personnes, notamment celles qui sont en déplacement ;

ü  La réalisation des seuils de rentabilité et des soldes intermédiaire de gestion ;

ü  De réaliser la mise en œuvre des États financiers à travers des tables de correspondances.

Cependant, il se pose la question de l’exploitation des données du client ? Lors de l’organisation d’un webinaire autour de la Big Data, sur la question, tenue en juin 2020, Selon Sanaa Moussaïd, 70% des entreprises déclarent manquer des ressources nécessaires pour analyser leurs propres données. C'est donc cette cible, constituée essentiellement de TPE et PME, que les cabinets doivent viser. A sa suite, Marianne Alex, auteur d'une étude sur le sujet auprès de professionnels de l'expertise comptable, le dit clairement : « La plus grande difficulté des cabinets est aussi un paradoxe : la plupart des collaborateurs se disent trop pris par la saisie pour développer de nouvelles missions, mais nous constatons dans le même temps une résistance à accepter des outils d'automatisation qui contribueraient à régler ce problème ».

IL s’avère donc que la masse d’informations à traiter par les comptables peut rendre leur exploitation complexes sans outil d’aider à leur réalisation ; ce qui pourraient accroître la possibilité des risques d’erreurs, la lenteur dans la production des résultats et aussi un retard dans la prise de décision. Power BI outil d’aide à la production des tableaux de bord capital à la prise de décision en temps réel malgré la résistance des comptables à son adoption s’érige comme solution indéfectible à la résolution d’un certain nombre de difficultés que rencontre le comptable lors de du traitement et de l’analyse des données comptables. 

SECTION 2 : LES LIMITES DES NOUVELLES TECHNOLOGIES

Selon Patrick Artus, même si, au total, les effets des TIC sur la croissance, l’emploi, la productivité et l’inflation semblent favorables, cependant, il faut s’interroger sur les conséquences négatives de la ” nouvelle économie ” : inégalités accrues, déséquilibres financiers…l’auteur met surtout l’accent sur l’accumulation considérable du capital productif qu’exige la nouvelle économie et qui engendre des effets négatifs tel que : « l’augmentation du capital et le conflit entre salaires et profits pour le partage de la valeur ajoutée »

En outre, le développement des TIC pénalise les petites entreprises qui ne possèdent pas de gros moyens financiers pour les utiliser d’où la difficulté à attirer de nouveaux clients potentiels. Elles encouragent la fraude appelée couramment « la cybercriminalité » : vol de cartes de crédit et de cartes bancaires, piratage de numéros de comptes etc. Le manque de contact entre le vendeur et l’acheteur est aussi à soulever au détriment des relations sociales et humaines qui sont indispensables aux opérations d’achats et de ventes car le vendeur doit être face à son client pour identifier ses besoins et l’acheteur doit être face au vendeur et au produit afin d’avoir un avis personnel par rapport à ce dernier. Les nouvelles technologies ont contribué à la destruction des emplois car dans certains secteurs la machine a remplacé l’homme avec l’introduction des robots et de l’informatique.

L’Internet est un concurrent redoutable pour les medias traditionnels qui ont connu une baisse de leur chiffre d’affaire et de leur diffusion et par conséquent a fait augmenter le coût de fabrication du papier. Les nouvelles technologies génèrent une consommation électrique très importante d’où un besoin en énergie important au niveau mondial, par conséquent, l’équipement numérique revient très cher aux consommateurs et le coût de l’informatique revient très cher aux entreprises. Le recours exclusif au numérique est donc très coûteux. Les TIC accélèrent le rythme de la vie quotidienne, et introduisent d’avantage de stress et augmentent la quantité de travail des personnes qui doivent travailler durant de longues heures causant ainsi des problèmes de surmenage et parfois même psychologiques pouvant amener des personnes à la dépression. L’offre d’emploi dans les TIC est conditionnée par un niveau de compétence et de qualification assez élevé et n’est pas facilement accessible aux travailleurs âgés ou à ceux dont les connaissances en TIC sont limitées contribuant ainsi au chômage indirectement.

Les entreprises utilisant nouvellement les TIC connaissent des coûts considérables liés à la formation du personnel et à l’innovation qui devient beaucoup plus fréquente avec l’introduction des TIC dans l’entreprise. Elles doivent aussi effectuer une réorganisation structurelle et une réorganisation du travail. Les TIC ont également un impact négatif sur l’environnement car leur utilisation produit des déchets toxiques avec l’utilisation des machines industrielles, des voitures, etc. Elles ont aussi un impact sur le physique surtout les yeux et le dos qui sont directement affectés par la position permanente parfois durant des heures devant un ordinateur.

Nous pouvons conclure que les Nouvelles Technologies d’Information et de Communication et la nouvelle économie numérique ont certes créé de nouvelles opportunités pour les entreprises et ont ainsi contribué à la croissance économique par les multiples avantages que nous venons d’évoquer ci-dessus mais nous ne pouvons nier que la révolution qu’elle a apportée n’est pas exempte de risques et d’effets pervers sur la société et sur l’économie mondiale. Cependant, malgré leurs conséquences négatives leur avenir est prospère car elles se sont imposées comme un outil indispensable dont personne ne peut se passer à présent.

A-    Les limites de l’intelligence artificielle

  Chacun est libre d’imaginer ce que sera le futur de l’intelligence artificielle et c’est un champ d’exploration merveilleux pour la science-fiction. Mais à une époque où les technologies suscitent beaucoup de fantasmes, il est utile de mettre en avant à la fois les limites actuelles et les limites fondamentales de l’intelligence artificielle, celles qu’on ne pourra franchir, même en imaginant résolus les problèmes techniques que pose le développement d’une intelligence artificielle plus générale (Laurent Ach ; Mars 2019).

ü  IA et conscience

Le sujet se situe à la frontière des sciences et de la philosophie et déchaîne facilement les passions en révélant la manière dont chacun considère ce qui fait pour lui l’essentiel de la nature humaine. Quelle est la possibilité pour l’intelligence artificielle, d’acquérir un jour une expérience subjective, des émotions et une conscience qui émergeraient de la machine à un stade avancé de l’évolution technologique ? Des philosophes ont posé les bases de ce débat, parmi eux David Chalmers qui a défini le « Hard problem of consciousness », et John Searle qui a imaginé la « Chinese room », une expérience de pensée qui illustre la différence entre ce que représente le langage pour un humain et pour un ordinateur.

Pour défendre la possibilité d’une conscience dans l’intelligence artificielle, on retrouve fréquemment un argument qui peut s’énoncer ainsi : si on exclut tout phénomène surnaturel, l’intelligence humaine repose sur des phénomènes physiques qui se produisent dans la matière. Les ordinateurs aussi sont construits à partir de composants physiques et ils peuvent aujourd’hui simuler des fonctions cognitives relativement avancées dont on ne les aurait pas imaginés capables il y a quelques années. Donc si la conscience peut émerger du cerveau, il n’y a pas de raison qu’elle ne puisse aussi émerger un jour de l’intelligence artificielle. Tentons de répondre à cet argument poursuit (Laurent Ach ; Mars 2019).

ü  On ne peut répliquer artificiellement ce qu'on ne sait modéliser

Il n’est pas envisageable de recréer un humain depuis l’échelle microscopique jusqu’au plus haut niveau de complexité (sauf par reproduction naturelle) donc pour recréer artificiellement des propriétés de notre cerveau, il faut partir d’une représentation formelle qui en explique le fonctionnement à un certain niveau, par exemple celui des réseaux de neurones. À partir de ce modèle, on peut simuler certaines fonctions cognitives mais il n’est pas possible de reproduire un phénomène au-delà de ce qu’explique le modèle. Si un jour on sait expliquer l’apparition de la conscience, ce dont on est loin, on pourra tenter d’en répliquer les mécanismes. On peut espérer que la conscience émerge d’elle-même d’un système pseudo-intelligent, comme la vie émerge de la matière inanimée et comme l’expérience subjective émerge de l’assemblage de composants biologiques élémentaires. Mais il n’y a pas de raisons qu’un modèle expliquant nos observations à une certaine échelle et dans un cadre limité, donne naissance à des phénomènes d’une toute autre nature.

Les ordinateurs et les êtres humains sont faits de la même matière mais les calculs d’un ordinateur ne dépendent pas des éléments matériels qui le composent, le hardware, qui pourrait en théorie être construit à partir de pièces mécaniques au lieu de composants électroniques. Les programmes d’ordinateurs sont écrits en utilisant des langages formels et au plus bas niveau, le logiciel se compose de bits dont les valeurs sont 0 ou 1. Les algorithmes les plus avancés de deep learning sont construits sur ce principe et leurs programmes d’entraînement peuvent se décomposer suivant cette base. En-deçà, il y a le hardware et il faut des humains pour établir une connexion entre les phénomènes physiques du hardware et les informations symboliques du software en donnant un sens aux données d’entrée, de sortie ou de la mémoire d’un ordinateur. Sans la présence d’humains, un ordinateur n’est qu’une machine qui transforme des signaux électromagnétiques en d’autres signaux électromagnétiques dont le sens est perdu.

Le débat sur les limites de l’intelligence artificielle est lié à plusieurs notions duales : IA faible et IA forte, émergence faible et émergence forte, « easy problem » et « hard problem » de la conscience. À travers les discussions sur ces sujets, se révèlent différentes approches de questions fondamentales que se pose l’humanité. Les mystères de l’intelligence et de la conscience concernent les scientifiques, les philosophes et tous les humains, qui peuvent chacun observer objectivement ce qu’est l’expérience subjective ; conclut (Laurent Ach ; Mars 2019).

B-    Les limites de la blockchain

ü  Limite juridique

L'utilisation de la Blockchain soulève plusieurs questions,  notamment celle de la responsabilité. Qui est responsable si la Blockchain est utilisée à des fins illicites? L'autre question à laquelle il faudra répondre, c'est celle des régulations. Vu que les échanges se font hors Etats, qui dicte la loi? Le code informatique? Ce sont autant de problématiques que les Etats vont devoir prendre en considération. Certains le font déjà, comme la Suisse. Des motions sont régulièrement déposées et étudiées pour faire avancer la réglementation.

ü  Limite éthique

Le droit essaie de répondre à différentes problématiques, mais cela pousse dans le même temps les acteurs à trouver plus de liberté. Pour que cela fonctionne, il faudra agir en collaboration les uns avec les autres, et pas les uns contre les autres. 

ü  Limite technique

Tout d'abord la Blockchain nécessite l'utilisation de 2 clés, dont une privée. En cas de perte de celle-ci, vous perdez tout. La sécurisation de cette dernière est donc un point essentiel et crucial.

Un point aujourd'hui limitant de la Blockchain est sa vitesse de transaction. Chaque validation de block prend un certain nombre de secondes, voire de minutes. Avec l'augmentation du nombre de transactions, comment faire évoluer ce système ? D'autre part, toutes ces transactions sont stockées dans la blockchain de manière illimitée. En ce cas, sera-t-il possible de purger les données ? Et qui s'en chargera ? Enfin si le protocole Blockchain doit évoluer, il doit alors être adopté par la majorité des mineurs ; selon les circonstances, cela peut poser problème. 

Néanmoins, il nous semble que la réalité est plus complexe que le tableau dépeint par les enthousiastes de cette nouvelle technologie. Ainsi, certaines problématiques de facturation bien connues relèvent de stratégies d’organisation (comme les retards de paiements délibérés en vue de piloter le BFR). Il est également probable que les acteurs n’aient aucune envie de transparence accrue vis-à-vis de leurs partenaires, prestataires et services fiscaux sur des données financières sensibles, pouvant potentiellement causer un sévère désavantage compétitif (Rückeshäuser 2017). Ce type de transparence pourrait par exemple mettre en lumière des pratiques d’optimisation fiscale sujettes à débats. Il y a donc une balance inconvénients / avantages liée à la Blockchain qui doit être examinée au cas par cas selon l’organisation et le secteur d’activité. L’angle fiscal étant abordé, nous pouvons également poser la question du rôle de l’Etat dans l’adoption d’un système reposant sur la Blockchain. Celle-ci peut en effet être utilisée pour tenir une comptabilité en partie triple permettant une facilité des contrôles et de la détection de la fraude (De Oliveira Simoyama et al. 2017). Pour l’exemple de la France, la fraude à l’impôt (TVA, impôts sur le revenu, sur les sociétés, sur le patrimoine, impôts locaux, autres impôts) est estimée entre 80 et 100 milliards d’euros en 2017, ce qui justifierait de développer les réflexions sur ce sujet.

Ainsi, de nombreux points restent encore en suspens. Nul doute que ces questions trouveront petit à petit des réponses au fur et à mesure de l'évolution de la Blockchain...

C-    Les limites du Power BI

ü  L’une des principales limites de la puissance BI est qu’il n’a pas la possibilité de publier des rapports avec toutes les données associées. Ceci signifie que certaines informations peuvent être omises de visualisations

ü  Très peu de source de données

ü  Une limite de fichiers GO pour les versions non premium

Ainsi s’achève notre deuxième chapitre à travers lequel nous avons passé en revue la littérature soutenant la place du futur comptable face à l’émergence des NTIC en son sein.

CONCLUSION PREMIERE PARTIE

Face à l’évolution des métiers et aux changements socio-économiques réguliers, le développement de nouvelles technologies au sein de la profession comptable se montre être un vrai pilier de performance des entreprises. Cette performance prenant en compte les exigences sans cesse croissantes des entreprises d’accroître leur part de marché par rapport à la compétition, favorise clairement la redéfinition des fonctions du comptable. Les entreprises devraient adopter les nouvelles technologies comme soutient aux tâches répétitives effectuées jusqu’ici par les comptables qui pourront se consacrer aux missions d’analyse à forte valeur ajoutée ; ainsi en experts de confiance, ils seront en charge de faire le lien entre le monde physique et le monde numérique et de superviser le fonctionnement des plates-formes. Ils seront également les garants de l’adéquation entre systèmes numériques et évolutions réglementaires.

S’adapter au NTIC serait de développer des talents en interne afin d’avoir un savoir-faire et des collaborateurs de qualité qui feront la différence en matière de productivité, de performance et de compétitivité. On pourrait tout de même se demander si les entreprises qui ont adopté les nouvelles technologies par rapport aux fonctions comptables ne se mettraient pas en difficulté et n’exposeraient pas le métier comptable à disparaître, la réponse est unilatéralement non.

Pour sa part (M. Tassé-Trottier, 2017), s'inquiète peu de voir la technologie faire disparaître la profession comptable. Selon lui, les entreprises qui utiliseront le numérique pour supprimer des postes, plutôt que de réaffecter leurs professionnels à des tâches à haute valeur ajoutée, se retrouveront dans une situation similaire à celle de Phénix, le système de paie fédéral. Celui-ci avait été mis en place pour supprimer des ressources, mais connaît actuellement d'importants problèmes, rappelle (M. Tassé-Trottier, 2017). « On prendra des années à le remettre sur pied. Je préfère voir la technologie comme une occasion ».

On se rend compte, qu’il serait erroné de dire que le métier comptable va disparaitre. En vérité, c'est la forme actuelle de ce métier qui va disparaitre. Il faut dire que la tendance actuelle est à la recherche de services rapides en dépensant le moins possible, les cabinets d'expertise comptable par exemple ne pourront donc plus maintenir des tarifs élevés pour effectuer un travail que le client pourra faire tout seul en quelques clics. Ils n'auront pas d'autre choix que de revoir leur politique de prix. Non pas qu'ils devront casser les prix, mais plutôt réinventer la façon dont ils tarifieront les prestations aux clients, c'est-à-dire définir les prix en fonction des types de prestation et non des heures passées sur la tâche (même si c'est en partie déjà le cas). Loin d'être une nouvelle forme de concurrence, l'automatisation, l'intelligence artificielle, la blockchain ou encore le Power BI d'une manière générale le digital feront évoluer la profession et pousseront le comptable à se renouveler. Et surtout, ils lui permettront de concentrer tous ses efforts sur la relation client.

Cette première partie de mémoire nous a permis de définir les différentes notions telles que la comptabilité et les nouvelles technologies. Suite à ces définitions, ces concepts ont été expliqués de façon plus approfondie. Ensuite, l’évolution des concepts à permit de mettre en relation le rôle du comptable et l’utilisation des nouvelles technologies. Ainsi, l’objectif qui était de démontrer l’impact des nouvelles technologies au sein de la profession comptable a été réalisé. En effet, il semblerait que le métier du comptable soit profondément influencé par les nouvelles technologies rendant certaines de leur fonction sous emprise totale des NTIC et de ce fait ils se doivent de s’adapter et de réorienter leurs compétences afin de rester productifs et contribuer à la performance des entreprises. Nous verrons, dans la deuxième partie de notre mémoire la méthodologie de recherche et les résultats de l’analyse. Cette seconde partie sera en liaison directe avec la première partie, puisqu’elle appuiera l’objectif du mémoire en le démontrant non pas de façon théorique mais de façon empirique. Lire la suite.

Rédigé et soutenu par : MABE Marlyse

Extrait de mon mémoire fin de cycle master en Audit Interne Juilllet 2020




Commentaires

  1. La numérisation et le marché des entreprises hautement concurrentiel ont poussé de nombreuses personnes à franchir le pas vers la transformation numérique. Il existe actuellement de nombreuses façons de tenir la comptabilité d'une entreprise grâce aux outils numériques, et l'une d'entre elles consiste à utiliser un ERP PME pour avoir un meilleur contrôle sur ce qui se passe dans n'importe quelle entreprise.

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